Ça soulage, mais ça ne mène à rien (de constructif).
Nous voudrions tous communiquer harmonieusement, faire passer les messages en douceur, mais surtout, nous aimerions qu’ils remportent les suffrages de nos interlocuteurs. C’est vrai au sein du foyer, dans nos relations avec notre cercle proche, dans nos rapports avec la société et dans notre vie professionnelle. Mais avouons que, quand les contextes sont difficiles et tendus, il est souvent plus facile de céder à la colère et à l’énervement. En réalité, nous sommes fréquemment trop fatigués pour défendre notre point de vue en douceur et avec clarté ou trop frustrés pour poser le débat et écouter les arguments. Après tout, c’est à la mode ! De nombreux exemples aujourd’hui pourraient justifier un comportement agressif pour espérer avoir gain de cause. Regardez l’Assemblée nationale ! Dans la jungle des interactions humaines, la communication est pourtant l’épine dorsale sur laquelle reposent nos relations, que ce soit dans notre vie personnelle ou professionnelle. Aujourd’hui, trop souvent, cette communication est empoisonnée par la violence verbale, sous des formes plus ou moins évidentes. Les échanges marqués par l’agressivité, la critique et le jugement sont devenus monnaie courante, ne laissant aucun réel gagnant in fine.
La société contemporaine est violente
La nature aussi, me direz-vous ? Cette réponse est un peu facile si nous acceptons que nous, les homos sapiens, avons su évoluer et étudier la communication sous toutes ses formes pour faire de notre planète un monde meilleur et tenter de cohabiter harmonieusement. Ces derniers temps au contraire, il semblerait qu’en matière de communication, nous régressons. Fini les révérences et autres civilités hypocrites, ce qui est bien ; aujourd’hui, on nous encourage à exprimer le fond de notre pensée, pour un discours plus vrai, plus sincère. Et malheureusement, les dérives de cette liberté retrouvée s’exposent sans filtre au grand jour, sur les réseaux sociaux, à la télévision, où l’on n’hésite plus à dire ce qui nous passe par la tête, raisonné ou pas, en y mettant plus et surtout moins les formes. Quid des conséquences ? Peu de monde s’en intéresse. Cette violence verbale peut revêtir différentes formes, allant des insultes directes aux critiques déguisées en « feedback constructif ».
Quand la pression sociale et les attentes élevées font partie de notre quotidien, la communication violente est fréquemment utilisée comme un outil de pouvoir ou de manipulation. Les victimes se retrouvent alors piégées dans un cycle toxique où l’estime de soi est constamment érodée, où les relations sont minées par la méfiance et où les conflits sont exacerbés au lieu d’être résolus de manière constructive.
La communication violente est le fléau qui gangrène nos relations et nos interactions quotidiennes, laissant des cicatrices invisibles, mais profondes sur les individus et les collectivités. Dans ce contexte, nous serons soulagés de savoir qu’il existe des alternatives à promouvoir, telles que la communication non violente.
La communication non verbale — CNV : De quoi parlons-nous ?
Ce concept fort vise à favoriser des échanges respectueux, empathiques et constructifs entre les individus. Fondée par le psychologue Marshall Rosenberg[1], la CNV repose sur quatre composantes principales : l’observation sans jugement, l’expression de ses émotions, la prise de conscience de ses besoins et la formulation de demandes claires.
« Si j’entends encore une fois le mot “empathie” ou “bienveillance”, je craque ! » C’est vrai, à force de les croiser sur tous les articles qui traitent du développement personnel ou du management en entreprise, on pourrait s’en lasser. Alors, cherchons-en d’autres, car le message est important. Pour l’empathie, je vous propose « identification » et pour bienveillance, « ouverture d’esprit ».
Le procédé propose trois pistes de travail :
- Communiquer avec soi-même pour clarifier sa propre identification, se comprendre davantage ;
- Communiquer vers l’autre, avec une ouverture d’esprit qui empêchera le jugement et permettre la discussion ;
- Recevoir le message de l’autre, l’écouter activement pour que l’incompréhension et les malentendus disparaissent.
Ainsi, ouvert à la conversation et confiante en elle-même, une personne peut entrer dans la discussion dépourvue d’attentes biaisées, avec la seule intention de favoriser le dialogue et la coopération.
[1] https://youtu.be/fl-65RPE41Y?feature=shared
Le contexte professionnel = nid à conflits
Les entreprises sont souvent le théâtre de dynamiques complexes où les conflits peuvent surgir, que ce soit entre collègues, avec des supérieurs hiérarchiques ou même avec des clients. La tension du contexte, l’exigence de résultats, la poursuite de l’ambition et la frustration sont autant d’éléments déclencheurs de rivalités et de griefs. Ici, la communication non violente revêt une importance particulière et adopter les principes de la CNV peut contribuer à créer un environnement de travail plus harmonieux et productif.
En favorisant une communication authentique et empathique, la CNV permet de résoudre les conflits de manière constructive, de renforcer les relations interpersonnelles et de promouvoir un climat de confiance au sein de l’entreprise. Les collaborateurs eux-mêmes y gagnent sur le plan personnel en apprenant à se découvrir en toute sincérité et à mieux comprendre leurs propres attentes dans le groupe. Ils se sentent entendus et respectés, ce qui augmente leur engagement et leur bien-être au travail. L’entreprise observe rapidement une meilleure productivité et améliore son image en interne comme en externe.
Pour que la CNV soit pleinement intégrée dans la culture d’une entreprise, il est essentiel d’offrir des formations adaptées à tous les niveaux de l’organisation. Les collaborateurs et les managers peuvent ainsi acquérir les compétences nécessaires pour appliquer les principes de la CNV dans leur quotidien professionnel comme personnel. On parle ici de sujets aussi divers que la gestion des conflits, la communication assertive, l’écoute active et la résolution des problèmes. Par le biais de ces stages pratiques, les participants peuvent se mesurer dans des mises en situation et des exercices de coaching et développer leurs compétences de manière concrète.
Investir dans la formation en communication non violente présente de nombreux avantages pour les entreprises. En plus d’améliorer le climat de travail et les relations entre les collaborateurs, l’utilisation des approches de la CNV peut réduire les tensions, les malentendus et les conflits, ce qui se traduit souvent par une meilleure performance globale de l’organisation. La communication non violente offre un cadre précieux pour promouvoir des relations saines et constructives dans le milieu professionnel. En formant ses collaborateurs et ses managers à cette approche, une entreprise valorise ainsi son image en créant un environnement de travail plus harmonieux, où chacun se sent écouté, respecté et capable de s’exprimer de manière authentique. Une organisation modèle ?